On a enfin un gouvernement qui verra le jour sous la conduite de Najla Bouden. Une longue attente dans un contexte des plus hostiles, sur le plan économique surtout. C’est que, politiquement, on reste dans une position délicate avec un clivage fort et aigu parmi la traditionnelle classe politique mise de côté par les mesures du 25 juillet. Mais, économiquement, plutôt qu’un clivage, on a une unanimité presque sur la sensibilité de la période par laquelle passe le pays. Nous sommes au milieu d’un marasme économique accentué par les effets du Covid, mais aussi par les mauvais choix pris et la catastrophique gestion des affaires de l’Etat depuis des années. La nouvelle cheffe du gouvernement n’aura pas de répit. Au contraire, elle affrontera une délicate épreuve, tel un équilibriste qui doit rester éveillé et attentif pour ne pas tomber. Les prochaines semaines seront décisives pour ce nouveau gouvernement : il faudra déclencher les profondes, mais douloureuses, réformes économiques visant à diminuer le déficit inquiétant du budget de l’Etat et à redresser la barre par rapport aux bailleurs de fonds étrangers. Il y aura aussi le front interne où des secousses sociales ne sont pas à exclure, vu les décisions d’austérité attendues, notamment dans les entreprises économiques. Bref, rebelote, les cartes sont redistribuées et les accords et décisions pris par l’ancien gouvernement seraient oubliés pour ouvrir une nouvelle page. Le nouveau gouvernement, qui agit dans un cadre exceptionnel à tous les niveaux, va devoir préparer le terrain à un autre gouvernement qui naîtra du nouveau régime et modalités politiques qu’on est en train de préparer. Un ouf de soulagement ? En quelque sorte oui, mais plutôt que le nom du chef du gouvernement, c’est la capacité à manœuvrer et à marcher sur un terrain miné pour trouver des solutions urgentes aux problèmes récurrents qui doivent primer. Ce ne sera pas aisé du tout, mais une mobilisation générale, une adhésion à un projet de relance où le politique se conciliant avec l’économique peuvent faciliter les choses. Ou, du moins, donner un espoir crédible pour sauver la Tunisie et aller de l’avant dans une démocratie constructive et non faillible.
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